Aromantisme et relations

Dans cet article, je ne parle que de l’aspect sentimental des relations mais il y a aussi l’aspect physique (sensuelle, sexuelle, esthétique) qui peut se combiner – ou non – avec l’aspect sentimental.

 

  1. L’amatonormativité

 

Avant toute chose, rappelons ce qu’est l’attirance romantique. Sur AVEN, elle est définit comme suit « réponse émotionnelle dont le résultat est le désir d’avoir une relation romantique avec la personne qui est l’objet de l’attirance. » Ce n’est donc pas exactement la même chose que « tomber amoureuxe » mais bien l’attraction au préalable qui y mène. Une personne qui est grise aromantique  pourra expérimenter ce type d’attirance dans des conditions particulières ou de rares fois dans sa vie. Une personne aromantique, en revanche, n’expérimentera jamais ce type d’attirance.

La relation romantique est le modèle conforme à la norme sociale. L’amatonormativité est le système social qui considère que les relations romantiques (hétéro) sont intrinsèquement meilleures que les autres types de relations et supérieures à celles-ci et que former un tel lien avec une autre personne est la norme pour l’ensemble des êtres humains. L’amatonormativité est le système qui découle sur l’arophobie, l’oppression à l’encontre des personnes sur le spectre aromantique.

Le modèle amatonormatif force une dichotomie entre amitié et couple romantique. Ces deux types de relations sont définies de manière restrictives : « un couple ça doit être comme ça, et une amitié, ça doit être comme ça ». Mais les relations humaines ne se limitent pas à deux cases bien séparées et le modèle amatonormatif ne laisse pas la possibilité d’explorer le reste. Les personnes du spectre aromantique, puisqu’elles n’expérimentent pas ou peu l’attirance romantique, sont susceptibles de ressentir d’autres types d’attirances et de vivre des relations en dehors de ce modèle. La communauté aro a donc créé divers termes pour exprimer les vécus des personnes sur le spectre aro.

 

  1. Au delà du modèle romantique

 

  • Platonique : décrit une attirance ou une relation non-romantique. Une amitié est une relation platonique. 

Attention : ce terme était originellement utilisé dans le sens « relation non-sexuelle » car on pensait que sexe et romance allaient forcément ensemble. Cependant, on utilise à présent le modèle d’attirances séparées (split attraction model) où on définit une orientation romantique et une orientation sexuelle. Le terme d’attirance/relation platonique signifie donc non-romantique et ne dit rien sur le caractère sexuel ou non de la relation.

 

  • Queer-platonique / quasi-platonique :

Le terme original est « queerplatonique » mais « quasi-platonique » est disponible pour les personnes qui ne sont pas à l’aise avec l’utilisation du mot queer ou qui ne sont pas queer elles-mêmes. On peut aussi juste utiliser l’abréviation QP (QPR en anglais pour Queer/QuasiPlatonic Relationship).

Comme l’indique le mot queer, une relation queer-platonique est une relation platonique mais qui se définit au délà de la norme réduite de l’amitié traditionnelle. Le préfixe « quasi » nous indique également qu’une relation quasi-platonique est « presque comme » une relation platonique mais à la liberté de se définir en dehors de la norme.

Je cite la Grande Enervée qui a traduit le wiki Aromantics « décrit une relation qui est plus intense et intime que ce qui est considéré comme commun ou normal pour une « amitié », mais qui ne correspond pas au modèle traditionnel romantico-sexuel. Une relation queerplatonique est caractérisée par un lien fort, de l’amour, et un engagement émotionnel, mais n’est pas perçue par les concerné.es comme « romantique ». La relation peut ou non inclure quelques éléments ou degrés de sexualité/érotisme, à divers moments; cela importe peu, parce que la relation n’est pas organisée autour de la sexualité ou de l’exclusivité sexuelle. Elle est définie par l’intensité et l’importance du lien émotionnel. »

 

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Drapeau queerplatonique (source)

 

« Courgette » (zuchinni en anglais) est le terme utilisé dans la communauté aro pour désigner un-e partenaire quasi-platonique.

 

  • Orientation platonique : les personnes du spectre aromantique peuvent aussi définir une orientation platonique pour elles-mêmes.

Ainsi, on peut par exemple être aro biplatonique, ce qui signifierait ne pas ressentir d’attirance romantique mais ressentir de l’attirance platonique ou quasi-platonique pour les personnes de deux genres ou plus.

A noter qu’il existe également des personnes aro aplatoniques (n’éprouvant pas d’attirance platonique). Il y a d’ailleurs un spectre aplatonique à l’instar du spectre aromantique et du spectre asexuel (notez que l’aplatonisme ne fait pas partie de la communauté LGBT+ en tant que tel).

 

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Drapeau aplatonique (source)

 

  • Alternatives non-romantiques au mot crush (= décrit une attirance romantique pour quelqu’un) :
  1. Plush: décrit une attirance queerplatonique envers quelqu’un ;
  2. Squish: décrit une attirance platonique envers quelqu’un.

 

  • Alternatif (« alterous » en anglais) : expérimente l’attirance qui ne peut être décrite que comme le désir d’une proximité émotionnelle car ni l’attirance romantique, ni l’attirance platonique ne sont des termes adéquats.

Alternatif est supposé être utilisé en remplaçant les suffixes –romantiques et –platoniques. Par exemple, quelqu’un peut s’identifier « bi-alternatif » ou « homo-alternatif ». Une personne qui s’identifie ainsi peut expérimenter divers degrés d’attirances identifiables comme romantiques ou platoniques mais ressentir un inconfort, un malaise ou juste que c’est inadéquat de l’appeler totalement romantique ou platonique.

Note : L’orientation alternative est un outil pour les personnes du spectre aromantique (« ne peut être décrite que comme »).

 

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Drapeau bi-alernatif (source)

 

  •  Quasi-romantique : orientation qui décrit quelqu’un dont l’attirance est non-traditionnelle ou différente d’un crush (= romantique).

Il peut s’agir d’un mixe entre des attirances platoniques, romantiques, esthétiques ou quelque chose de complètement différent et/ou impliquer d’autres aspects non-traditionnels, comme des attirances particulières ou des attirances non-physiques.

De ce que je comprends, le quasi-romantique est presque comme du romantique (d’où la présence de « quasi ») mais non-conventionnel (à l’instar de quasi-platonique). Le reste de la définition décrivant ce que signifie non-conventionnel dans ce contexte semble volontairement vague de sorte que ce terme sert de parapluie et la pertinence de son utilisation à un contexte personnel est laissée au soin de la personne concernée.

 

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Drapeau quasi-romantique (source)

 

  • Romance-douce (soft-romo) : une relation impliquant un degré de romantisme faible, dans lesquelles s’impliquent parfois les personnes sur le spectre, en particulier lithromantiques (ne ressent plus d’attirance romantique quand celle-ci est réciproque) et aroflux (orientation fluctuante sur le spectre aromantique).

 

  • Relation à l’idée de romance : Les personnes aro peuvent être repoussées, dégoutées par l’idée de romance ou ressentir un malaise à être dans une situation romantique (« romance-repulsed »). Au contraire, elles peuvent être neutres ou indifférentes à l’idée de romance (elles n’éprouvent pas d’inconfort à être dans une situation romantique). Elles peuvent aussi être favorables à la romance (elles peuvent apprécier une situation romantique sans ressentir pour autant d’attirance romantique – ou en en ressentant si elles sont sur le spectre aro et que les conditions nécessaires sont réunies).

 

  • No-romo : l’expression « no romo » (« no romance ») est utilisée pour signifier qu’il n’y a pas d’attirance romantique impliquée dans la situation. C’est une parodie de l’expression bien connue « no homo ». Exemple : « Je t’aime, mais no romo ! »

 

  1. Les orientations relationnelles

 

  • Orientation relationnelle : le(s) type(s) de structure(s) relationnelle(s) dans laquelle/lesquelles la personne concernée se sent la plus à l’aise.

Une personne sur le spectre aromantique peut avoir n’importe quelle orientation relationnelle. On peut être aro et être nonamoureuxe, monoamoureuxe, polyamoureuxe ou anarchiste relationnel’le. Ca dépend de la personne.

 

  • Nonamorie : une orientation relationnelle qui n’inclut pas de partenaire intime et à long-terme (que ce soit platonique, romantique, alternatif…)

Peut concerner des personnes aromantiques aplatoniques par exemple (mais pas que !)

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Drapeau nonamoreuxe (source)

 

  • Monoamorie : une orientation relationnelle qui inclut un-e seul-e partenaire intime de manière exclusive.

 

  • Polyamorie (aussi appelé polyamour) : un terme parapluie rassemblant diverses orientations relationnelles incluant plus d’un-e partenaire intime en non-exclusivité relationnelle (éthique et consensuelle). Peut prendre différentes formes dans le nombre de partenaires et la structure désirée. Quelques exemples :
  1. groupe poly-fidèle : les membres du groupes ne relationnent pas de manière intime à l’extérieur du groupe ;
  2. polyamorie hiérarchique : implique la hiérarchisation entre plusieurs partenaires ; typiquement, le fait d’avoir un-e partenaire primaire et un-e partenaire secondaire.
  3. solo-poly : une personne poly qui conserve son indépendance (vivre seule par exemple) tout en ayant des relations intimes.
  4.  …

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Symbole polyamoureux (source)

La polyamorie ne concerne pas uniquement les relations romantiques contrairement à une idée reçue. Les relations non-romantiques ne sont pas liées à cette idée d’exclusivité relationnelle (on a souvent plusieurs ami-e-s), ce qui peut amener certain-e-s aro à être plus naturellement polyamoureuxes que monoamoureuxes (même si ce n’est pas une généralité !) Ainsi, une personne polyplatonique est une personne qui peut avoir plusieurs relations quasi-platoniques.

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Drapeau polyplatonique (source)

 

  • Anarchie relationnelle : parfois incluse dans la polyamorie, il s’agit d’une forme de non-exclusivité relationnelle qui n’implique pas de hiérarchie entre partenaires et entre types de relations (romantiques, sexuelles, quasi-platoniques, platoniques…) Souvent, les relations ne sont pas étiquetées.

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Drapeau anarchiste relationnel (source)

 

L’anarchie relationnelle est une structure relationnelle encore peu connue qui peut bien convenir à certain-e-s aros (même si ce n’est pas une généralité) en raison de l’absence de hiérarchie entre les relations romantiques et les autres types de relations, sachant que cette hiérarchie qu’il existe chez les alloromantiques (non aromantiques) monoamoureuxes peut amener les partenaires aro à être blessé-e-s, largué-e-s pour un intérêt romantique, relégué-e-s au rang de 5e roue du carrosse, etc.

 

Conclusion :

Les personnes du spectre aromantique sont très diverses et peuvent s’engager ou non dans différents types de relations et de structures relationnelles.

Sources :

http://angrrygirl.blogspot.fr/2015/07/cest-quoi-le-queerplatonique.html

http://arospecawarenessweek.tumblr.com/glossary_s

http://shades-of-grayro.tumblr.com/post/147868971540/nonamory

http://uniqueensongenre.eklablog.fr/petit-tour-d-horizon-sur-le-spectre-aromantique-a126238714

http://neologisms.rice.edu/index.php?a=term&d=1&t=19965

https://aplatonicsafespace.tumblr.com

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