On parle beaucoup de transition médicale dans les milieux trans (hormones, chirurgies) mais il existe aussi plein d’autres façons de transitionner qui elles ne sont pas médicales. Cela peut être utile si on ne veut pas ou si on ne peut pas transitionner médicalement dans l’absolu. Cela peut également soulager la dysphorie en attendant de pouvoir transitionner si on ne peut pas le faire dans l’immédiat. Ajoutons qu’une personne qui fait une transition médicale va également aussi avoir recours à certains de ces éléments de transition non-médicale. Bref, ça peut servir à tout le monde.
Je vais essayer de recenser de la façon la plus exhaustive possible ces éléments de transition non-médicale. Rappelez-vous que vous n’avez pas à cocher toutes les cases pour être légitime dans votre transition !
La transition sociale
Elle se réfère aux divers changements sociaux mis en place par une personne trans et ce afin de vivre pleinement son identité de genre. Elle vient généralement après un coming-out. Elle peut toucher des éléments de l’expression de genre (c’est-à-dire le look, l’apparence) :
- une nouvelle garde-robe dans laquelle la personne se sent plus à l’aise ;
- une nouvelle coupe de cheveux ;
- exprimer des goûts que l’on avait jusque là réprimés ;
- etc.
Bien sûr, l’expression de genre n’est pas la même chose que l’identité de genre, mais elle peut aider à l’exprimer, comme son nom l’indique, et donc à soulager la dysphorie de genre, ou à créer de l’euphorie de genre. Bref, elle contribue à ce qu’une personne se sente mieux dans sa peau.
La transition sociale peut également comprendre le fait de changer de prénom et/ou de pronom (il, elle…) Cela va permettre aux personnes qui interagissent avec la personne trans de la genrer correctement, et d’utiliser un prénom qui reflète son identité de genre. A noter qu’il existe des pronoms neutres qui peuvent ainsi convenir à des personnes non-binaires, ni hommes, ni femmes (iel, ol, al…)
Eléments physiques
Ici, je vais rentrer dans des éléments de transition qui permettent de modifier des caractéristiques physiques sans hormones ou chirurgie, mais qui peuvent être une alternative à celles-ci.
Par exemple, vis-à-vis du torse, si on cherche à cacher sa poitrine, on peut utiliser une brassière de sport ou bien un binder (plus efficace). Attention cependant à bien utiliser votre binder pour vous prémunir de certains risques de santé. De plus, si votre utilisation du binder est constante sur le long terme, une mammectomie est peut-être plus safe pour ne pas trop abîmer votre cage thoracique et vos poumons. Cela est à discuter avec votre médecin, en fonction de vos besoins et vos possibilités.
Il existe aussi un nouveau produit, appelé le transtape, qui est fait avec des bandes spéciales permettant de coller la poitrine afin de l’aplatir et qui semble moins contraignant au niveau respiratoire que le binder. Attention, dans tous les cas n’utilisez jamais de scotch ou des bandes non adaptées car cela est très dangereux ! Ne prenez que des produits qui sont faits pour binder la poitrine. Une bande pour les entorses par exemple n’est pas faite pour binder, elle est faite pour restreindre les mouvements et c’est donc très dangereux de s’entourer la poitrine avec.
Si on veut au contraire montrer une poitrine alors qu’on n’en a pas, on peut envisager de porter un soutien-gorge rembourré ou alors même d’utiliser des prothèses en silicone à coller sur soi ou à glisser dans le soutien-gorge. Elles auront un meilleur rendu mais peuvent couter plus cher. C’est une alternative possible à la prise d’œstrogènes pour faire pousser la poitrine ou à l’augmentation mammaire.
En ce qui concerne le fait d’avoir un pénis, on peut utiliser une prothèse en silicone qui se glisse dans le caleçon. Cela s’appelle le packing. Certaines prothèses peuvent également permettre de faire pipi debout ou d’avoir des rapports sexuels. Il en existe une grande variété, dans toutes les gammes de prix, et certaines sont très réalistes.
A l’inverse, pour cacher un pénis, il existe la méthode du tucking qui consiste à rentrer les testicules dans leur canal puis à accrocher le pénis en arrière. Attention à ne pas vous blesser avec cette méthode. Je ne la connais pas assez bien pour vous donner des recommandations de sécurité, aussi renseignez-vous impérativement auprès de sources fiables. Il existe aussi des culottes gainantes spéciales qui peuvent aider à dissimuler le pénis. Pensez également à des vêtements amples comme les robes qui peuvent faire l’affaire ou compléter un tucking ou une culotte gainante.
La voix est également souvent l’origine d’une dysphorie, qu’elle soit trop aigue ou trop grave. La testostérone permet de rendre la voix plus grave, au contraire la prise d’œstrogènes ne permet pas de rendre la voix moins grave. Dans tous les cas, il est possible de faire des exercices de voix, pour parler avec un timbre plus grave ou plus aigu. Un-e orthophoniste pourra vous prendre en charge pour vous permettre de faire ce travail.
N’oublions pas non plus l’épilation, quelque soit la méthode, qui permet également pour certaines personnes de se débarrasser au moins temporairement de poils qui leur donnent de la dysphorie. L’épilation définitive au laser est une possibilité, elle peut notamment bien aider lorsqu’il s’agit de retirer la barbe.
A l’inverse, on peut se faire une barbe (ou une moustache) avec une barbe à coller ou même du maquillage. Avec quelques coups de mascara on peut notamment foncer le duvet au dessus de la lèvre et créer une petite moustache qui peut considérablement aider à être perçu en tant qu’homme ou réduire la dysphorie.
Si on zoome sur le capillaire à présent, pour rester dans le ton de la catégorie poils, on ne pense pas assez souvent aux perruques. Elles peuvent permettre d’avoir les cheveux longs ou courts à volonté. Elles peuvent être très utiles aussi si on est chauve et que l’on voudrait avoir les cheveux longs. Il existe des perruques de très bonne qualité et qui sont très réalistes.
Pour revenir au maquillage, il peut bien sûr être utilisé comme élément d’expression de genre et d’expression créative, mais il peut aussi aider à féminiser ou masculiniser le visage ! Je ne saurais trop comment vous expliquer car je ne sais absolument pas m’en servir, mais il y a des vidéos sur YouTube qui peuvent vous montrer comment faire. Il y a notamment quelque chose à faire concernant les contours du visage, que l’on peut rendre plus « ronds » ou plus « carrés ».
J’ai également parlé des tatouages comme élément de transition dans un autre article. Je ne reviendrai donc pas dessus, je vous laisse aller lire cet article.
Conclusion : il existe plein de façon de transitionner de façon non-médicale. N’hésitez pas à tester des choses. Cela peut vous aider dans votre questionnement d’ailleurs, puisque la plupart de ces éléments sont réversibles (à part l’épilation définitive et les tatouages). Jouer avec ces éléments de transition réversibles et non-médicaux peut vous permettre de mieux connaître vos besoins de transition et qui vous êtes. Peut-être découvrirez-vous le besoin de transitionner médicalement ou au contraire que ces éléments vous suffisent. Et si jamais vous ne pouvez pas transitionner médicalement pour quelque raison que ce soit, cela permet d’avoir des alternatives.
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…..et on peut aussi NE PAS S’EPILER à un ou plusieurs endroits du corps (concerne les assigné-e-s femmes qui subissent l’injonction sociale à enlever la plupart de leurs poils, quand ce n’est pas tous). Même sans s’ajouter une barbe ou une moustache.
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Bien vu, j’avais oublié celui-là !
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Et pour les AFAB (principalement celleux s’identifiant comme hommes ou qui souhaitent être genrés comme tel) qui ont les cheveux foncés, se raser réguliérement peut faire pousser une barbe conséquente (ça marche aussi pour les jambes, bras etc…)
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